Les deux géants économiques du continent asiatique se sont lancés dans un bras de fer diplomatique. Motif de cette querelle de voisinage : la question de l'appartenance des îles Senkaku, appelées îles Diàoyútái par la Chine, qui les revendiquent depuis les années 60. Ces huit îles et rochers japonais, situés dans la mer de Chine orientale, sont l'objet de toutes les convoitises, du fait des gisements potentiels d'hydrocarbures situés à proximité. En outre, l'emplacement est stratégique pour la marine chinoise, qui considère la mer de Chine du Sud comme une "zone d'intérêt vital".
La situation s'est envenimée ces dernières semaines entre Pékin et Tokyo, comme le relate Slate. La Chine a en effet annulé la semaine dernière une visite officielle au Japon, pour raisons d'"agenda". Mais d’après l’agence d’information japonaise Kyodo, reprise par le Tokyo Times, "l’annulation constitue un signe de protestation contre l’occupation par le Japon" de ces îles.
"Ça devient vraiment un casus belli"
Cité par Slate, Kazuhiko Togo, le directeur de l’Institut des affaires mondiales à l’université de Kyoto, estime la situation inquiétante : "Nous avons besoin de nous préparer militairement et, en même temps, nous devons faire tous les efforts diplomatiques possibles pour combler la distance entre Tokyo et Pékin. Ça devient vraiment un casus belli."
La lutte pour ce petit territoire avait déjà menacé la relation bilatérale entre les deux pays en 2010, quand la marine japonaise avait arrêté le capitaine d'un bateau chinois près de ces îles. Des marches antijaponaises avaient notamment été organisées dans des villes chinoises de province, et Pékin avait réagi avec brutalité en prenant d'importantes mesures de rétorsion économique.
En 2011, les autorités chinoises avaient de nouveau revendiqué le territoire, affirmant que "depuis les temps anciens, les îles Diaoyu et les eaux adjacentes ont fait partie du territoire chinois et [que] la Chine maintient une souveraineté indiscutable sur elles". La situation semble inextricable, et pourrait bien mener à un conflit semblable à la guerre des Malouines, qui avait opposé l'Argentine et la Grande-Bretagne.