Diplomacia e Relações Internacionais
China: medo de uma "praga" do Egito - Arnaud Parienty
Um interessante comentário de um professor francês sobre o medo, ou paranóia, dos dirigentes chineses em relação ao que se passa atualmente no Egito:
Paulo Roberto de Almeida
Pourquoi le mot Egypte est tabou en ChineArnaud Parienty
Alternatives Economiques, 30/01/2011
Parmi les nouvelles surprenantes apparues ces derniers jours, le fait que le mot « Egypte » ne donne plus accès à aucun lien sur l’Internet chinois semble anecdotique. Est-ce une illustration supplémentaire de la paranoïa des autorités chinoises ? En réalité, leur crainte de la contagion contestataire n’est pas dénuée de fondement, même si on peut douter qu’un exemple aussi exotique à leurs yeux inspire beaucoup les jeunes Chinois. En plongeant dans les classements produits par le Programme des Nations Unies pour le Développement dans son rapport annuel, on trouve en effet des points communs intéressants entre l’Egypte, la Tunisie et la Chine.
L’IDH, ou indice de développement humain, étant l’indicateur synthétique par lequel il est habituel de mesurer le degré de développement économique et social d’un pays, classons par ordre d’IDH décroissant les pays ayant connu la plus forte progression de leur IDH depuis trente ans. Ce classement est le suivant, l’IDH pouvant varier de 0 à 1 :
1 - Tunisie, 0,436 en 1980 et 0,683 en 2010
2 – Chine, 0,368 en 1980 et 0,663 en 2010
3 – Egypte, 0,393 en 1980 et 0,620 en 2010
4 – Maroc, 0,351 en 1980 et 0,567 en 2010
5 – Inde, 0,320 en 1980 et 0,519 en 2010
La Chine se trouve donc en bien dangereuse compagnie par les temps qui courent !
Une idée persistante mais fausse est que les soulèvements populaires interviennent dans les pays où les choses vont très mal. Marx, au contraire, attendait la révolution dans les pays capitalistes les plus développés (et donc les plus proches de leur crise finale, selon lui). Les choses sont un peu plus compliquées.
Les peuples sont-ils satisfaits de leur sort ?
Des enquêtes internationales menées par des équipes de sociologues et coordonnées par Ronald Inglehart sont désormais conduites dans plus de cent pays pour mesurer la satisfaction des individus à l’égard de leur vie et de la société. Ces enquêtes révèlent qu’il n’y a pas de relation claire entre la satisfaction à l’égard de leur propre vie déclarée par les répondants et la croissance économique de leur pays. Parmi ceux dont la satisfaction a le plus augmenté figurent les coréens (forte croissance) et les russes (croissance catastrophique). Parmi ceux dont la satisfaction diminue se trouvent les chinois (croissance brillante) et les suédois (faible croissance).
La relation entre satisfaction et niveau de vie est également très floue. Ainsi, les chinois sont nettement moins satisfaits de leur vie que les guatémaltèques, ce qui n’est pas en phase avec la situation matérielle dans ces deux pays. Il faut donc ajouter des variables pour comprendre.
Du pain et la liberté
Utilisant les techniques statistiques habituelles (analyse multivariée) pour trier les causes les plus importantes qui agissent sur le sentiment de satisfaction, Ronald Inglehart et ses collègues aboutissent à la conclusion que l’augmentation de la satisfaction dépend d’abord du sentiment accru de liberté. Celui-ci résulte moins de la démocratie politique que de la libéralisation sociale (droits des femmes, libertés religieuses,…). Le développement économique contribue dans une certaine mesure à ce sentiment de liberté et agit directement sur la satisfaction des individus. Mais il arrive loin derrière.
Le développement ne suffit donc pas à contenter la population, même si le deal implicite du parti communiste chinois est « nous garantissons la paix et la prospérité et vous nous laissez gérer l’espace public comme nous voulons ». Au contraire, on peut penser qu’en Chine comme en Tunisie et, à un moindre degré en Egypte, un cocktail assez détonnant associe croissance économique et hausse du niveau d’instruction, qui permettent la hausse de l’IDH, et inégalités et absence de libertés publiques, qui engendrent la frustration. L’absence de démocratie est particulièrement ressentie par les diplômés, qui ont une opinion informée sur les affaires publiques (et savent mieux que d’autres comment les choses se passent ailleurs).
En fait, le développement conduit toujours à la démocratisation et à l’extension des libertés publiques, à mesure que le niveau d’instruction augmente et que les besoins matériels fondamentaux sont satisfaits ; car les aspirations de la population à participer à la vie de la cité et être traitée de façon adulte augmentent, alors que la corruption et le népotisme d’élites illégitimes deviennent plus insupportables. L’évolution de Taiwan et de la Corée du Sud au cours des années 1980 est un bon exemple de ce mécanisme. La situation est donc dangereuse lorsque ces évolutions sociales butent sur un blocage politique, comme c’est le cas dans les pays arabes ou en Chine. La situation est particulièrement préoccupante en Chine, malgré la qualité de ses dirigeants, car il n’y a pratiquement aucune démocratisation (la démaoïsation n’a même jamais eu lieu, les atrocités et les erreurs politiques du grand Timonier restant ignorées de la grande majorité de la population) et parce qu’il s’agit d’un pays immense.
C’est parce que les dirigeants chinois sont bien conscients de la situation qu’ils craignent comme la peste la contagion démocratique, qui se produira un jour, quoi qu’ils fassent.
(Recebido de Mauricio David em 3/02/2011)
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