Une visiteuse du Louvre-Lens a écrit au marqueur, jeudi 7 février, sur le célèbre tableau de Delacroix La Liberté guidant le peuple, avant d'être interpellée. Peu avant la fermeture du musée, la jeune femme, âgée de 28 ans, a gribouillé dans la partie inférieure du tableau. Elle "a été immédiatement appréhendée par un agent de surveillance et un visiteur" puis remise à la police et placée en garde à vue.
Selon une expertise psychologique, la jeune femme serait cependant "pénalement irresponsable" et serait donc plutôt orientée vers un hôpital psychiatrique, au lieu d'une présentation devant un juge d'instruction. Selon l'expert,le discernement de la jeune femme de 28 ans, en garde à vue depuis jeudi et dont l'identité n'a pas été révélée, est "aboli", a précisé le procureur, joint par téléphone.Le musée s'était tout de suite montré rassurant sur l'état de l'œuvre, prévenant que "l'inscription devrait pouvoir être nettoyée facilement". Ce fut le cas : en début d'après-midi vendredi, après quelques heures de restauration, la direction du Louvre a annoncé dans un communiqué que l'inscription avait été "intégralement retirée", précisant en outre que "l'intégrité de l'œuvre n'[avait] en rien été atteinte, l'inscription étant superficielle et restée en surface du vernis sans atteindre la couche picturale". Selon France 3, l'inscription "faisait "une trentaine de centimètres", pour une œuvre de 325 cm × 260 cm.
L'INSCRIPTION "AE911"
La femme qui a vandalisé le tableau a écrit "AE911", signale, vendredi, une source judiciaire, sans vouloir commenter la signification de l'inscription, en particulier un lien hypothétique avec une polémique sur les attentats du 11 septembre 2001, tournant autour de la théorie du complot. L'inscription "AE911" renvoie, sur Internet, vers une pétition en ligne, dans laquelle "1 768 architectes et ingénieurs diplômés authentifiés, en plus de 16 421 citoyens concernés (...) exigent du Congrès américain une enquête véritablement indépendante" sur ces attentats.
"Est-ce qu'il s'agit d'une personne qui a agi sous l'emprise d'un délire quelconque ou est-ce qu'il s'agit d'une revendication quelconque ?", s'est interrogé le procureur de Béthune, Philippe Peyroux. "Il convient, a-t-il souligné, de rechercher quelle peut être la signification pour elle de ce type d'inscription. J'attends les conclusions de l'expert du ministère de la culture. [Je] souhaite, comme tout le monde, que, grâce aux épaisseurs de couche de protection, vernis ou autres produits, l'encre du marqueur n'ait pas pénétré dans la toile".
Avant l'acte de vandalisme, le chef-d'œuvre de Delacroix était protégé par une barrière de mise à distance, soit le même dispositif que celui mis en place lorsque le tableau était exposé au Louvre, à Paris.
La Liberté guidant le peuple (1830), de Delacroix, est, avec le Portrait de Balthazar Castiglione, de Raphaël, ou La Madeleine à la veilleuse, de Georges de La Tour, un des chefs-d'œuvre qui ont rejoint pour un an le nouveau musée, inauguré le 4 décembre. L'incident survenu jeudi "ne remet pas en cause la volonté de faire partager à tous les chefs-d'œuvre du Louvre à Lens, qui a déjà accueilli 205 000 visiteurs depuis son ouverture", souligne le communiqué du Louvre-Lens.