Le FMI s'inquiète de plus en plus de "l'aggravation des inégalités de revenus" dans le monde. C'est le constat exposé, mercredi 15 mai, par sa directrice générale, Christine Lagarde, lors d'un discours prononcé à Washington. "Cela n'est pas passé inaperçu : le printemps arabe et le mouvement Occupy, même s'ils étaient différents, ont été en partie motivés par cette tendance", croit savoir Mme Lagarde.
Aux Etats-Unis, point de départ du mouvement Occupy Wall Street en 2011, 1 % de la population perçoit 18 % des revenus totaux avant impôts, contre 8 % il y a vingt-cinq ans, a souligné Mme Lagarde. Au niveau mondial, 0,5 % de la population détient plus de 35 % des richesses. "L'aggravation des inégalités de revenus est une préoccupation croissante des dirigeants politiques à travers le globe", assure-t-elle. Traditionnellement, les questions d'inégalité sont de la compétence de la Banque mondiale, et non du FMI.
"LA SITUATION EST DIFFICILE"
Le FMI, souvent critiqué pour ses programmes d'austérité et ses appels à couper dans les dépenses publiques, estime cependant que l'impact des politiques budgétaires sur les inégalités se réduit depuis 2000. "Parce que de nombreux pays ont adopté des réformes qui ont réduit la générosité des aides sociales et fait baisser les taux d'imposition sur les revenus, notamment sur les tranches supérieures". Plus globalement, Mme Lagarde a estimé que la réduction des exemptions d'impôts et la lutte contre l'évasion fiscale pouvaient permettre aux pays de doper leurs recettes et d'avoir des sources de revenus plus "fiables".
Au lendemain des manifestations du 1er mai, Mme Lagarde avait publiquement affirmé qu'il n'y avait "pas d'alternative à l'austérité". Lors de cet entretien de quinze minutes, visible sur le site Internet de la RTS, Mme Lagarde a ajouté que "la situation est difficile" et qu'il faut à la fois observer "une discipline budgétaire" et "favoriser les éléments de croissance", afin de promouvoir les "investissements et l'emploi". "Refaire des déficits" n'est pas une option envisageable, a-t-elle dit, au même titre qu'une "politique de relance, car cela signifie plus de dettes".
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